Alors JEJE d'accord avec la honte météo france

[marmotte]

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Déjà fragilisé par des réductions drastiques d’effectifs, Météo France voit depuis la fin de l’automne les grèves et communiqués syndicaux se multiplier. En cause : un nouveau système de prévision qui crée le malaise chez certains salariés et aboutit à ce que les informations fournies au grand public soient parfois erronées.



De la neige en décembre à Briançon, la très haut perchée sous-préfecture des Hautes-Alpes ? L’événement n’est évidemment pas rare. Mais ce qui l’est plus, c’est que ces flocons soient annoncés en même temps qu’une température de 9 °C. Et pour cause : cette prévision relève ni plus ni moins du non-sens météorologique. Pourtant, elle a bien été diffusée, le 6 décembre dernier. Pire, elle l’a été sur l’application de Météo France, le service météorologique national.

Les prévisions du temps attendu à Briançon le 12 décembre dernier, tel que vu par l’application de Météo France le 6 décembre.
Les prévisions du temps attendu à Briançon le 12 décembre dernier, tel que vu par l’application de Météo France le 6 décembre. | CAPTURE D’ECRAN COMPTE X ACTU METEO
Ubuesque, cette prévision, entre autres relayée par le compte X Actu Météo, a fait sourire dans le petit milieu météorologique. Mais à Météo France, ce bug a fait rire jaune. L’impair y a été vu comme le marqueur d’une réorganisation contestée depuis de longues semaines, sinon de longs mois. Un projet qui, maintenant qu’il est mis en place s’apparente selon certains prévisionnistes à « un boulet », voire à une « catastrophe », préjudiciable à l’image de l’établissement.

Le projet 3P, l’élément perturbateur
Intitulée 3P (pour « Programme Prévision-Production »), cette réorganisation, dont les contours ont été esquissés il y a une demi-douzaine d’années, est entrée en phase opérationnelle le 13 novembre dernier. Il vise à raccourcir la chaîne de production des prévisions diffusées au grand public et, en l’occurrence, à l’automatiser davantage, sur fond de baisse drastique des effectifs.

« Avant, tous les matins, à la conférence de 9 h, les centres en régions et le centre national de Toulouse se mettaient d’accord sur un cadrage météorologique grossier et ensuite, dans chaque région, on affinait les prévisions, en utilisant les modèles de prévision les plus pertinents », rappelle Eva Krug, représentante du personnel au pôle rennais de Météo France. Ces prévisions, modifiables selon le besoin, se retrouvaient ensuite sous forme de cartes sur les sites et applications de Météo France.

Mais, depuis la concrétisation du projet 3P, cette réunion matinale n’évoque plus les prévisions grand public, qui sont désormais largement automatisées. Elles sont tirées d’un outil nommé Alpha, qui agglomère les données de différents modèles de prévision. Son travail est vérifié, mais par une seule personne, basée à Toulouse. Le rouage régional a donc disparu.

Problème : l’échelon national, le seul restant, est lui parfois défaillant. Si l’on en croit les salariés de Météo France, Alpha n’est en effet guère au point et les outils devant permettre de corriger son travail, encore moins. Les prévisionnistes regrettent également que les données générées par Alpha et mises en ligne automatiquement ne soient pas modifiables pour les six premières heures de prévision. Ce qui les empêche de réagir rapidement, et de gommer des erreurs trop grossières.

Des données météo dans un centre de Météo France à La Réunion, en février 2022.
Des données météo dans un centre de Météo France à La Réunion, en février 2022. | RICHARD BOUHET / ARCHIVES AFP
Des épisodes trop complexes pour les prévisions automatiques
Parmi ces erreurs : cette fameuse neige à Briançon par 9 °C, ou bien ces 28 °C prévus à Strasbourg le 9 décembre. Des bugs marquants auxquels s’ajoutent des difficultés plus structurelles, liées à certains contextes météorologiques.

Contactée par Ouest-France, la direction de Météo France admet que l’outil peut parfois prédire « des brouillards trop nombreux » ou  « des précipitations faibles pas assez nombreuses ».

La robustesse de l’organisation 3P n’est pas démontrée

— L’intersyndicale de Météo France, en novembre dernier
Les prévisionnistes, eux, envisagent d’autres cas problématiques. « La robustesse de l’organisation 3P n’est pas démontrée, notamment sur des situations complexes », avait déjà prévenu l’intersyndicale début novembre. Quelques jours plus tôt, l’entrée en vigueur du projet 3P avait dû être reportée d’un mois.

Ces situations complexes, et donc potentiellement problématiques, sont nombreuses. Les prévisionnistes interrogés par Ouest-France, à Météo France ou ailleurs, évoquent d’abord les orages, traditionnellement très difficiles à cerner, ou les phénomènes de pluies extrêmes, comme les épisodes méditerranéens. Et tous parlent de la neige, en montagne comme en plaine. Tout sauf un hasard.

De la neige à Paris pas anticipée
En début d’année, les erreurs liées à Alpha, dont l’écho avait jusque-là pu rester confiné au sein de la sphère météorologique, font irruption dans l’actualité nationale. Les 8 et 9 janvier, la neige tombe en masse dans le nord du pays, avant de gagner l’Île-de-France. L’épisode fait, comme il se doit, la une des médias. Mais, alors que les premiers flocons tombent, le site et l’application de Météo France n’en font pas état.

« Lors de l’épisode de neige à Paris, les modèles de prévision s’étaient trompés, et notre outil de production automatisée a donc sorti quelque chose de faux », regrette Eva Krug. Les archives du site Météo France, consultables en ligne sur des sites spécialisés, montrent bien qu’à 21 h le 8 janvier, alors que de premières chutes de neige sont observées à Paris, le site grand public de Météo France n’indique qu’un ciel couvert.

Les prévisions diffusées sur le site de Météo France le 8 janvier à 21 h.
Les prévisions diffusées sur le site de Météo France le 8 janvier à 21 h. | ARCHIVES MÉTÉO FRANCE
Dans l’impossibilité technique de mettre rapidement à jour les données fournies par Alpha, les prévisionnistes d’Île-de-France se fendent deux jours plus tard d’un communiqué amer. « La situation neigeuse des 8 et 9 janvier a montré que la nouvelle chaîne de production était défaillante avec une incapacité de la prévision immédiate à prévoir de la neige alors même que l’événement était en cours ». Leurs collègues de l’ouest de la France leur embrayent le pas quelques heures plus tard.

Rendre Alpha modifiable en régions
Engagée de longue date dans des discussions au sujet de 3P, la direction de Météo France est évidemment consciente des lacunes du nouveau système. « Maintenant, la direction arrive à dire que les outils ne sont pas encore au point », explique Eva Krug. « Mais ils sont partis de loin dans le déni ». « À la base, le projet, c’était que les prévisions qui sortaient de l’outil ne soient même pas retouchées ! », se souvient Martin Paccaud, prévisionniste à Rennes.

C’est cette prise de conscience qui l’a poussée à rétablir un poste de prévisionniste-correcteur à Toulouse, en charge de tout le territoire national. Selon les termes utilisés par la direction, celui-ci est « chargé d’assurer la qualité et la cohérence de la base de production automatique » et « d’apporter des corrections en lien avec les prévisionnistes dans les régions ».

On a tellement besoin de corriger…

— Eva Krug, représentante du personnel à Rennes
Sauf que, comme l’estime Yann Amice, météorologue pour Weather & Co, cette personne « ne peut rien faire, si ce n’est du picorage. En France, au vu du nombre de microclimats, c’est une hérésie ». Et la gageure est d’autant plus grande que les outils de correction, qui n’étaient initialement pas prévus, ne sont donc pas au point. Un problème dans le problème, mais pas le moindre. « On a tellement besoin de corriger… », souffle Eva Krug.

Pour remédier à ces impairs, les prévisionnistes souhaitent notamment pouvoir intervenir dès les premières heures de prévisions générées par la machine. « Et on exige de pouvoir corriger ces sorties depuis les régions », ajoute Eva Krug. Autre exigence des syndicats : que les bras suivent, et que des postes soient redéployés dans les territoires.

« Le processus d’amélioration continue de ces nouveaux outils se poursuit », indique de son côté la direction de Météo France. Des sources syndicales confirment que des discussions sont toujours en cours.

Le siège de Météo France à Saint-Mandé (Val-de-Marne), en novembre 2022.
Le siège de Météo France à Saint-Mandé (Val-de-Marne), en novembre 2022. | MARC OLLIVIER / ARCHIVES OUEST-FRANCE
« On a perdu les rênes »
Il n’empêche, l’ampleur des erreurs déjà aperçues sur les sites et applications grand public de Météo France est telle qu’un mal-être finit de s’installer dans certains corps de métiers de Météo France.

« La honte s’abat sur un établissement incapable de retranscrire dans sa base de données de prévision ce qu’il se passe et ce que les citoyens constatent au-dessus de leur tête », écrivaient le 10 janvier dernier les prévisionnistes d’Île-de-France, non sans amertume.

Il y a une frustration qui se développe

— Martin Paccaud, prévisionniste à Rennes
Dans les autres régions, le malaise n’est pas moins vif. « Il y a une frustration qui se développe, confirme Martin Paccaud, depuis Rennes. On a perdu les rênes. »

Des sources syndicales évoquent également des cas de mal-être, voire de burn-out, chez les développeurs de Météo France, chargés de corriger en urgence de trop nombreux bugs.

Une image de marque détériorée
Si elle dégrade le climat à l’intérieur de l’entreprise, la situation actuelle est également susceptible de détériorer la relation qu’entretient Météo France avec ses partenaires institutionnels (pompiers, prévention des crues, etc.) et commerciaux (prestataires autoroutiers, organisateurs de grands événements, etc.)

Pourtant, comme le rappelle la direction de Météo France, « un certain nombre de productions font l’objet d’expertises complémentaires et d’accompagnement par les prévisionnistes ». Par exemple, « les bulletins de vigilance sont encore expertisés par un prévisionniste », rappelle Sébastien Delecray, représentant du personnel Météo France à Lyon. Mais la coexistence de ces bulletins avec les prévisions automatiques « brouille l’information » délivrée aux utilisateurs, estime-t-il. « L’image de Météo France en prend un coup, y compris du côté institutionnel », a regretté de son côté FO Météo, fin décembre.

Ce que confirme Eva Krug. Alors même que l’information qui leur est destinée est toujours expertisée par des prévisionnistes, « certains partenaires institutionnels ont entendu parler de la bascule 3P et commencent à se méfier ! », regrette la prévisionniste. « Pour l’instant ils nous font encore confiance, mais jusqu’à quand ? », note Martin Paccaud.

En toile de fond, une réduction drastique des effectifs
Les craintes liées à ce programme 3P ont également souligné le manque de forces vives dont pâtit l’établissement, et ravivé des plaies loin d’être cicatrisées.

Fin 2021, après des années de suppression de postes (un tiers des effectifs en 15 ans), le sénateur centriste Vincent Capo-Canellas, auteur d’un rapport spécial sur l’institution, indiquait clairement qu’à Météo France, « il n’y a plus de gras, on est à l’os ».

Généralisée, la réduction d’effectifs a surtout touché les prévisionnistes, et notamment les prévisionnistes régionaux. La mise en place du programme 3P, qui réduit le rôle accordé aux régions, vient donc entériner une politique menée de longue date. Une politique qui, alliant réduction de voilure, automatisation et fermetures d’implantations territoriales, a de quoi rappeler certains conflits sociaux de ces dernières années. Et annoncer, peut-être, certains de ceux qui éclateront dans le futur.

[Jéjé33]

Purée, j'avais pas vu ton sujet Marmotte ! Mieux vaut tard que jamais  

Je suis au courant de tout ça, voire d'une partie, puisque sur Infoclimat, il y a quelques échanges et " confessions " de certains prévisionnistes de chez MF.

Le problème, c'est qu'en l'espace d'un peu plus de 10 ans " par économie " (ah ben ouais c'est vrai, les fonctionnaires, ça ne branle rien, tout le monde le sait...), ils ont supprimé beaucoup de postes, notamment au niveau des centres départementaux, qui ont fermé au fil des années. Pourtant, l'expertise départementale, avec des prévisionnistes qui connaissaient le climat de leur département sur le bout des doigts, c'était juste essentiel et je dirais même, c'était quelque chose de primordial. Bien que payant, le service audiotel à l'époque, avec des bulletins rédigés et dictés par ces prévisionnistes, était vraiment fiable dans l'ensemble.

Mais les gérants de chez MF ont fait le choix de partir sur de l'automatisation, avec le minimum de personnel possible. Depuis 4/5 ans, ils sont peu à peu entrain de se rendre compte de la boulette. Les prévisionnistes en poste font le boulot de suivi pour 3/4 personnes et n'arrivent plus à gérer les situations météo de crise ou " notables " (épisodes orageux, neigeux etc...). Du coup, derrière, la réactivité n'y est plus ou plus vraiment. Bien entendu, comme dans tout travail, il y en a certains qui ne font pas le boulot correctement et commettent des erreurs, mais bon, le problème de base reste le manque d'effectif.

Derrière, il y a la pression en plus dans la prise de décision pour informer les collectivités, villes etc, agrémenté de très nombreuses critiques du grand public, sans retenues, depuis très longtemps. Certains baissent les bras, se démotivent et n'ont plus l'envie et le cœur, dans un boulot qui pourtant les passionnent. Mais ouais, les critiques et le dénigrement systématique, c'est aussi ça le plus dur : " la météo se plante tout le temps " ; " les prévisionnistes sont des incapables ". Toujours la même redondance de jugements venant de gens qui n'ont jamais ouvert un bouquin de météo et qui ne comprennent rien à rien au fonctionnement du climat. Pourtant c'est nettement plus complexe que beaucoup de gens le penses et je suis très bien placé pour le savoir !

Quand j'avais 10/15 ans, sans connaissance, je râlais moi aussi tout le temps sur les erreurs des bulletins météo. Depuis que je suis dedans, j'ai bien changé mon fusil d'épaule...

En tout cas, d'accord ou pas d'accord, je dirais plutôt que je les soutiens en grande partie et que je leur laisse leur place ! Je préfère toucher moins et ne pas être dans ce bordel sans nom.

[Le Gaumais]

Gégé, fais attention avec les sigles que tu utilises !!!!
Je te dis cela en tant qu ' utilisateur inconditionnel de Massey-Ferguson et fan tout aussi inconditionnel de Mylène Farmer.

[Jéjé33]

Quels sigles ?

[jean-pierre-45]

Quels sigles ?

l'abréviation MF

[centkght]

comme partout , quand il y a réduction de personnels , on supprime les postes a la base et apres on s'étonne que plus rien ne remonte et en peu de temps déconnexion complete ......

[pat51]

Quels sigles ?

l'abréviation MF

bah oui Jéjé, pourquoi parles tu de MF dans tes commentaires ? on sait que ce n'est pas parfait les prévisions de météo france mais quand même pas du niveau de MF, c'est pas une catastrophe non plus

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